Centre Bouddhique International

Le Bourget - France

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#4 - Les principales différences entre les enseignements du Mahayana et du Theravada

Par Bhikkhu Hye Dhammavuddho

 

 

 

Un « naga » peut-il devenir un Bouddha ?

 

D'après les enseignements du Mahayana, un « naga » peut devenir Bouddha, ce que le Théravada conteste, et ne considère pas les Sutras qui le citent comme authentiques. Dans les livres de la Discipline (Vinaya), il existe une histoire concernant un naga qui a pris une apparence humaine dans le but de devenir Bhikkhu. Il fut démasqué par le Bouddha qui lui demanda de s'en aller, malgré ses supplications et ses pleurs. Le Bouddha expliqua qu'un naga ne peut atteindre ne fût-ce des prémices de l'état de sagesse dans son existence en tant que naga, en raison de ses fortes concupiscences et de ses colères. Du fait de cet incident, le Bouddha a établi une règle selon laquelle quiconque reçoit son ordination de Bhikkhu doit déclarer ne pas être non humain. Voilà pourquoi un naga ne devient pas Bouddha.

 

Meurtre par pitié.

 

Les doctrines du Mahayana préconisent la mort provoquée même d'êtres humains, dans certaines circonstances, comme par exemple tuer quelqu'un qui tente de tuer un grand nombre de personnes par l'empoisonnement d'une eau potable. À la différence de l'enseignement orthodoxe du Théravada, les adeptes du Mahayana professent qu'on n'est pas tenu de suivre strictement, à la lettre, les préceptes, mais être guidés par l'esprit de ceux-ci, selon les circonstances. Les préceptes des laïcs et des religieux, interdisent tout meurtre intentionnel (suivant l'enseignement du Bouddha lui-même). Un Arya (un sage qui a atteint l'un des quatre Fruits) ne doit jamais tuer intentionnellement, d'après les doctrines du Théravada. Le Bouddha a dit qu'un Arahant ne doit en aucune manière transgresser ce précepte en connaissance de cause, ou commettre les neufs actes suivants : (1) tuer, (2) voler, (3) faire le commerce de matières carnées, (4) proférer un mensonge, (5) stocker et cacher des choses pour en profiter plus tard, (6) mal agir par cupidité, (7) mal agir par haine, (8) mal agir par illusion, (9) mal agir par peur.
De nombreux Chinois croient que Ji Gung, un moine chinois supposé avoir tué chiens et pigeons pour manger, et bu de la liqueur, etc...est un sage. Mais selon la doctrine du Bouddha, quiconque a commis de tels actes ne peut être un sage. Le commentaire du Dhammapada relate l'histoire du roi Vidudubha qui a voulu tuer tout le clan Sakya. Ayant compris les réactions du Kamma, le Bouddha n'a rien fait pour nuire au roi, ni le tuer, pour sauver les hommes de son clan. À la différence d'autres « saints hommes » bien connus, le Bouddha n'a pas tenté de guérir des malades ni de ressusciter des morts..., et ce du fait qu'il connaît parfaitement la loi du Kamma qui gouverne toutes nos vies.

 

Les laïcs peuvent-ils atteindre un degré de sainteté comme les moines ?

 

Les doctrines du Mahayana enseignent que les laïcs peuvent atteindre certains degrés de sainteté aussi bien que les moines. Dans le Vimalakirti Sutra, un laïc est supposé être un Bodhisattva illuminé avec un niveau plus élevé que tous les Arahants. Selon les doctrines Théravada un laïc peut atteindre le troisième niveau (Anagami) et un Bodhisattva ne peut pas être illuminé (un Bodhisattva illuminé est un Bouddha qui a achevé son cycle de renaissances et qui ne retourne plus à l'existence après sa mort qui est son entrée dans le Parinibbana). Si un laïc réalise l'état d'Arahant, il renoncera à sa vie laïque en devenant moine ou nonne, aussitôt, autrement il mourra (probablement quand il/elle réalise la futilité de l'existence séculière). Cela est confirmé par l'histoire de la reine Khema qui avait réalisé l'état d'Arahant, à la suite duquel le Bouddha lui conseilla d'entrer dans l'ordre monastique immédiatement ou de mourir. Et d'après le livre connu sous le nom de Milinda Panha, l'Arahant Nagasena a confirmé ce fait.

 

Les préceptes du Bodhisattva.
   
Les préceptes du Bodhisattva consistent en dix préceptes majeurs et quarante-huit préceptes mineurs. Ils sont spécifiques au Mahayana. Cela est indiqué dans le texte intitulé Brahmajala Sutra, selon lequel ils proviennent du monde des « naga ». Du point de vue du Théravada, ces préceptes ne font pas partie de l'enseignement du Bouddha, car ils ont été rédigés plusieurs siècles après l'entrée du Bouddha dans le Parinibbana.

 

Dans le Mahaparinibbana Sutta, le Bouddha dit : Ô Bhikkhus, tant que vous ne fixez pas de nouvelles règles, que vous n'abolissez pas celles qui sont en vigueur, et que vous procédez en conformité avec les règles de conduite établies, il y aura avancement et non déclin. » Et, il est certain que les préceptes du Bodhisattva ne sont pas en conformité avec les préceptes des laïcs et ceux des moines. À titre d'exemple, les préceptes du Bodhisattva interdisent la consommation de  viandes, d'oignons et de poireaux, alors qu'ils ne sont pas interdits dans les préceptes Théravadin des laïcs et des moines. Les préceptes du Bodhisattva interdisent aussi les activités diplomatiques, ce que les préceptes des laïcs n'interdisent pas dans le Théravada. En outre, les préceptes du Bodhisattva n'autorisent pas à résider dans un aranya (lieu calme, reculé et solitaire en forêt) alors que le Bouddha a, au contraire, conseillé de le faire.

 

Les enseignements du Mahayana encouragent aussi l'automutilation comme se brûler le corps et la tête, se couper ou se brûler les doigts, etc., en tant qu'offrande au Bouddha. Mais selon les adeptes du Théravada, le Bouddha a proscrit de telles pratiques, et un homme défiguré, mutilé, ne reçoit pas l'ordination d'après les livres du Vinaya (la Discipline).

 

Les rites et les rituels.

 

Dans le Mahayana, il y a plus de rites et de rituels que dans le Théravada. Tous les jours, les monastères Mahayana entonnent leurs chants aux sons de tambours, cloches, etc. La psalmodie dans les monastères Théravada est effectuée sans aucun instrument de musique. En outre, la récitation des Sutras en les chantant n'est pas autorisée par le Bouddha ; les fidèles du Théravada, contrairement à ceux du Mahayana, ne le font pas. Et les monastères du Mahayana accomplissent tous les jours des offrandes de nourriture au Bouddha et à tous les êtres vivants et les fantômes dans les cérémonies. Ils élaborent de grands services funéraires pour « libérer les êtres » de leurs lieux de souffrances d'où ils renaîtront ; on place les cendres des défunts dans des niches avec des plaques portant leur nom dans l'espoir de faire du bien aux morts.

 

Le Bouddha a été une fois interrogé pour savoir si la cérémonie de mérites effectuée par les proches du défunt était bénéfique à ce dernier. Le Bouddha répondit que si la renaissance du défunt était de nature paradisiaque, dans le monde des êtres humains, en tant qu'animal ou bien en enfer, on ne devrait pas offrir de mérite par une cérémonie pour le défunt, car il n'en sera pas informé. Quant aux fantômes, ils sont les seuls à dépendre de ces mérites, eux qui vivent près des humains, et à ce titre ils bénéficient de ces mérites. Par conséquent, la possibilité d'aider un défunt, pour ses proches, est bien maigre. Garder les cendres du défunt et placer des épitaphes portant son nom, ne sont pas des choses nécessaires, et elles sont dépourvues d'utilité, car de tels actes sont dénués de véritables mérites, et ils font augmenter confusions et superstitions parmi les laïcs.

 

 

 

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 Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka  IV-Ve Siècle