Centre Bouddhique International

le Bourget - France

www.centrebouddhiqueinternational.com

ARTICLES

 

#3 - La dette du monde au Bouddha

 

LA PREMIÈRE VÉRITÉ SAINTE

LES QUATRE SAINTES VÉRITÉS

LE SERMENT DE BÉNARÈS

 

« Il y a deux extrêmes, ô moines, dont celui qui mène une vie spirituelle doit rester éloigné. Quels sont ces deux extrêmes ? L’une est une vie de plaisir, adonnée aux plaisirs et à la jouissance : cela est bas, ignoble, contraire à l’esprit, indigne, vain. L’autre est une vie de macérations : cela est triste, indigne, vain. De ces deux extrêmes, ô moines, le Parfait s’est gardé éloigné, et il a découvert le chemin qui passe au milieu, le chemin qui dessille les yeux et l’esprit, qui mène au repos, à la science, à l’illumination, au Nirvana. Et quel est, ô moines, ce chemin du milieu que le Parfait a découvert, qui dessille les yeux et l’esprit, qui mène au repos, à la science, à l’illumination, au Nirvana ? C’est ce chemin sacré à huit branches, qui s’appelle foi pure, volonté pure, langage pur, action pure, moyens d’existence purs, application pure, mémoire pure, méditation pure. C’est là, ô moines, le chemin du milieu, que le Parfait a découvert, qui dessille les yeux et l’esprit, qui mène au repos, à la science, à l’illumination, au Nirvana.

 

« Voici, ô moines, la Vérité Sainte sur la douleur : la naissance est douleur, la vieillesse est douleur, la maladie est douleur, l’union avec ce que l’on n’aime pas est douleur, la séparation d’avec ce que l’on aime est douleur, ne pas obtenir son désir est douleur, en résumé, les cinq agrégats d’attachement1 sont douleur.

 

« Voici, ô moines, la Vérité Sainte sur l’origine de la douleur : c’est la soif (de l’existence) qui conduit de renaissance en renaissance, accompagnée du plaisir et de la convoitise, qui trouve ça et là son plaisir : la soif de plaisir, la soif d’existence, la soif d’impermanence.

 

« Voici, ô moines, la Vérité Sainte sur la suppression de la douleur : l’extinction de cette soif par l’anéantissement complet du désir, en bannissant le désir, en y renonçant, en s’en délivrant, en ne lui laissant pas de place.

 

« Voici, ô moines, la Vérité Sainte sur le chemin qui mène à la suppression de la douleur : c’est ce chemin sacré à huit branches qui s’appellent : foi pure, volonté pure, langage pur, action pure, moyens d’existence purs, application pure, mémoire pure, méditation pure.

 

« C’est la Vérité Sainte sur la douleur. Ainsi, ô moines, sur ces idées, dont personne auparavant n’avait entendu parler, mes yeux s’ouvriront : ainsi s’en ouvrit pour moi la science, la connaissance, le savoir, l’intuition.- Cette Vérité Sainte sur la douleur, il faut la comprendre.

 

-Cette Vérité Sainte sur la douleur, je l’ai comprise ; ainsi, ô moines, sur ces idées dont personne auparavant n’avait entendu parler, mes yeux s’ouvrirent : ainsi s’en ouvrit pour moi la science, la connaissance, le savoir, l’intuition…

 

« Et aussi longtemps, ô moines, que de ces quatre Vérités Saintes je ne possédais pas avec une pleine clarté cette connaissance et cette intuition véridiques en trois articles et douze parties2, aussi longtemps, ô moines, je savais aussi que dans ce monde de Mâra3 et de Brahmâ4, au sein de tous les êtres avec les ascètes et les Brâhmanes, avec les dieux et les hommes, je n’avais pas atteint le rang suprême de Bouddha. Mais, ô moines, depuis que de ces quatre Vérités Saintes je possède avec une pleine clarté cette connaissance et cette intuition véridiques en trois articles et douze parties, depuis ce moment, ô moines, je sais que dans ce monde, avec les mondes des dieux, avec le monde de Mâra et de Brâhmâ, au sein de tous les êtres avec les ascètes et les Brâhmanes, avec les dieux et les hommes, j’ai obtenu le rang suprême de Bouddha. Et je l’ai reconnu et vu : mon âme est à tout jamais délivrée ; ceci est ma dernière naissance ; il n’y a plus désormais de nouvelles naissances pour moi. » (Vinaya-pitaka, I, 6, 10 et suiv. Trad. OLDENBERG FOUCHER, Le Bouddha, sa vie, sa doctrine, sa communauté, 1894.).

 

        1 - Ce sont les cinq ensembles ou agrégats (skandha) de phénomènes : la matière, les sensations, les perceptions, le vouloir et la conscience.

        2 - Les trois aspects des quatre Saintes Vérités sont :

                 a -  La connaissance des quatre Vérités Saintes ;

                 b -  La connaissance de leur fonctionnement ;

                 c -  La connaissance de l’accomplissement de leurs fonctions. Les douze modalités s’obtiennent par l’application des trois aspects à chacune

                       des quatre Saintes Vérités.

        3 - Dieu qui personnifie tous les maux et toutes les passions.

        4 - Dieu du panthéon hindou formant triade avec Vishnu et Shiva, personnification du Brahman, le divin.

 

 
livre « Le Bouddha » de Henri Arvon
 
LE BOUDDHA ET LES MOINES

 

 

Le maire d’un village demanda au Seigneur :

« Est-ce que le Tathâgata compâtit avec toutes les créatures qui vivent et respirent ? »

 

« Oui, maire, » répondit le Seigneur.

 

« Mais le Seigneur n’enseigne-t-il pas le Dharma qu’à quelques-uns et pas à d’autres ? »

 

« Que crois-tu, maire ? Supposons qu’un paysan possède trois champs dont l’un est excellent, l’autre moyen et le troisième pauvre et de mauvaises terres. S’il voulait répandre des semences, dans quel champ commencerait-il à semer ? »

 

« Il sèmerait tout d’abord dans le champ qui est excellent, ensuite dans le champ qui est moyen. Une fois qu’il aurait fait cela, il sèmerait peut-être dans le champ pauvre et de mauvaises terres et peut-être ne sèmerait-il même pas. Et pourquoi. Parce que ce dernier champ serait juste assez bon pour donner du fourrage. »

 

« Mes moines et mes nonnes, maires, sont exactement comme le champ excellent. C’est à eux que j’enseigne le Dharma qui est excellent au début, au milieu et à la fin, fidèle à l’esprit et à la lettre ; c’est à eux que je fais connaître la vie de Brâhma entièrement accomplie et totalement pure. Et pourquoi ? C’est eux qui restent auprès de moi qu’ils considèrent comme leur lumière, leur protection, leur rempart et leur refuge.»

 

« Ensuite viennent mes disciples laïcs et laïques qui ressemblent au champ moyen. C’est à eux aussi que j’enseigne le Dharma…et je leur fais connaître la vie de Brâhma entièrement accomplie et totalement pure. Car ils restent auprès de moi qu’ils considèrent comme leur lumière, leur protection, leur rempart et leur refuge.»

 

« Ce sont les ermites, les Brahmanes et les errants d’autres sectes que la mienne qui sont ensuite comme le champ pauvre et la mauvaise terre. C’est à eux aussi que j’enseigne le Dharma… et je leur fais connaître la vie de Brâhma entièrement accomplie et totalement pure.

Et pourquoi ? Parce que ce serait pour eux pendant un long moment une source de bonheur et de bénédiction, ne dussent-ils comprendre qu’une seule phrase.  » (Samyutta-Nikâya, IV, 314-316).

 

 

LA MISOGYNIE DU BOUDDHA

 

Les huit règles imposées aux nonnes-

 

Une nonne, eût-elle cent ans, doit révérer un moine, se lever à sa rencontre, le saluer les mains jointes, et l’honorer de ses respects, ne fût-il reçu dans les ordres que du jour même. Règle qui doit être honorée, prisée, révérée et adorée, et ne doit pas être transgressée de toute la vie.

Une nonne ne doit pas demeurer dans une province où il n’y a pas de moine. Règle qui doit être…

 

Tous les quinze jours, une nonne doit attendre de la communauté des moines deux choses : la désignation du jour où doit avoir lieu la cérémonie de Uposatha (confession publique) et le moment où le moine viendra donner l’instruction. Règle qui doit être…

 

A la fin de la retraite de la saison des pluies, une nonne doit inviter les deux communautés à faire la critique de ce qu’on a vu, entendu ou suspecté. Règle qui doit être…

Si une nonne a commis un grave péché, elle devra faire un demi-mois de pénitence envers les deux communautés. Règle qui doit être…

 

Une nonne ne doit outrager ou injurier un moine en quoi que ce soit. Règle qui doit être…

 

De ce jour, les nonnes ne seront pas autorisées à blâmer officiellement les moines, mais les moines seront autorisés à blâmer officiellement les nonnes. Règle qui doit être…

 

Si Ânanda, les femmes n’avaient pas abandonné la vie de ménage pour la vie sans abri sous l’égide de la Doctrine et de la Discipline annoncées par le Tathâgata, la religion eût duré longtemps : c’est mille ans qu’eût subsisté la Bonne Doctrine. Mais puisque, Ânanda, les femmes ont maintenant abandonné la vie de ménage pour la vie sans abri sous l’égide de la Doctrine et de la Discipline annoncées par le Tathâgata, la religion ne durera pas longtemps : ce n’est que cinq cents ans, Ânanda, que subsistera la Bonne Doctrine. Telles, Ânanda, ces familles consistantes en de nombreuses femmes et peu d’hommes que dominent aisément les bandits, telle la religion, maintenant…, ne durera pas longtemps. Tel, Ânanda, un champ de riz florissant accablé par le mildiou ne subsiste pas longtemps, telle la religion, maintenant…, ne durera pas longtemps. Et tel, Ânanda, l’homme prudent bâtissant une digue au long d’une grande pièce d’eau pour que l’eau ne déborde point de ses limites, tel, Ânanda, ai-je avec prudence posé ces huit règles sévères qui ne doivent pas être transgressées de toute la vie. (Chulla-Vagga, X, I, 1, WARREN, Buddhism in translations (1896), p.441.)

 

 

 

LA VOIE MOYENNE

(Suite du livre de Henri Arvon « Le Bouddha »)

 

Sona Kolivisa, fils de marchand, reçut l’ordination en présence du Seigneur. Par la grande persévérance qu’il mit à aller et à venir en réfléchissant, ses pieds furent écorchés et le sol sur lequel il allait et venait, fut taché de sang comme si du bétail y avait été abattu. Lorsque le Vénérable Sona s’adonnait seul à la méditation, il se dit : « Les disciples du Seigneur dont je suis, se sont fixés pour but de cultiver la persévérance ; mais malgré cela mon esprit n’est pas délivré de ses impuretés et il n’a pas encore perdu son attachement. Heureusement il y a encore mes biens de famille. Pourquoi ne pas retourner à une vie inférieure, jouir de notre fortune et faire du bien ? »

Le Seigneur devina les pensées du Vénérable Sona. Il s’adressa à lui en disant : « Sona, est-ce que, au temps où tu étais un père de famille, tu jouais bien au luth ? »

« Oui, Seigneur. »

« Lorsque les cordes du luth étaient trop tendues, celui-ci était-il bien accordé et propre au jeu ? »

« Non, Seigneur. »

« Et lorsqu’elles étaient trop lâches, le luth était-il bien accordé et propre au jeu ? »

« Non, Seigneur. »

« Cependant, lorsque les cordes n’étaient ni trop tendues ni trop lâches, mais mises au diapason, ton luth était-il bien accordé et propre au jeu ? »

« Oui, Seigneur. »

« De même, Sona, trop de persévérance conduit au trouble et trop peu de persévérance à la paresse. C’est pourquoi Sona sache choisir la juste mesure de persévérance . » (Vinaya-pitaka, I, 181-182.) 

 

 

L’IMPERMANENCE

 

Alors le roi Ménandre s’approcha de l’endroit où était le Vénérable Nâgasena ; et s’étant approché, il salua le Vénérable Nâgasena ; et ayant épuisé les compliments d’amitié et de civilité, il s’assit respectueusement à son côté. Et le Vénérable Nâgasena rendit le salut ; en quoi, en vérité il gagna le cœur du roi Ménandre.

Et le roi Ménandre parla au Vénérable Nâgasena en ces termes : « Comment s’appelle sa Révérence ? Vénérable, quel est ton nom ? » « Sire, je m’appelle Nâgasena ; les Bhiksus, mes compagnons, Sire, me dénomment Nâgasena ; mais que des parents donnent à quelqu’un le nom de Nâgasena, ou de Surâsena, ou de Vîrasena, ou de Sîhasena, ce n’est là, néanmoins, Sire, qu’une façon de dénombrer, un terme, une appellation, une désignation commode, un pur nom, ce Nâgasena ; car il n’y a pas de Moi à trouver ici. »

 

Alors le roi Ménandre dit : « Ecoutez-moi, mes seigneurs, vous, les cinq cents Yonakas, (Ioniens, c'est-à-dire Grecs, sujets du roi Ménandre) et vous, les quatre-vingt mille Bhiksus. Nâgasena nous dit maintenant ceci : « Il n’y a pas de Moi à trouver. Est-il possible, « vous prie, que je souscrive à ce qu’il dit là ? » »

-Et le roi Ménandre parla au Vénérable Nâgasena dans ces termes : Vénérable Nâgasena, s’il n’y a pas de Moi à trouver, qui donc vous procure à vous, Bhiksus-les robes, la nourriture, le couchage, et les remèdes pour les malades ? Qui donc fait usage de tout cela ? Qui conserve les préceptes ? Qui se livre à la méditation ? Qui atteint le sentier et le fruit et le Nirvâna ? Qui détruit la vie ? Qui prend ce qui ne lui est pas donné ? Qui se livre à l’immoralité ? Qui dit des mensonges ? Qui boit des liqueurs enivrantes ? Qui commet les cinq crimes susceptibles d’être rétribués dans l’existence suivante ? En ce cas, il n’y a pas de mérite ; il n’y a pas de démérite ; il n’y a personne qui accomplisse ou fasse accomplir des actions comportant du mérite ou du démérite ; les actions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ne peuvent avoir ni fruits, ni résultats. Vénérable Nâgasena, celui-là n’est plus un meurtrier qui tue un Bhiksu ; et vous, Bhiksus, Vénérable Nâgasena, vous ne pouvez plus avoir de maître, de précepteur ou d’ordination. Quand vous dites « Bhiksus, mes compagnons, sa Majesté m’appelle Nâgasena », qu’est-ce alors ce Nâgasena ? Je t’en prie, Vénérable, les cheveux de la tête sont-ils Nâgasena ? »

 

« Nullement, en vérité, Sire. »

« Les ongles…, les dents…, La peau…, la chair…, les nerfs…, les os…, la moelle des os…, les reins…, le cœur…, le foie…, la plèvre…, la rate…, les poumons…, les intestins…, le mésentère…, l’estomac…, les fèces…, la bile…, les glaires…, le pus…, le sang…, la sueur…, la graisse…, les larmes…, la lymphe…, la salive…, les mucosités nasales…, la liquide synovial…, l’urine…, la cervelle…, sont-ils Nâgasena ? »

« Nullement, en vérité, Sire. »

« Maintenant, la forme, Vénérable, est-elle Nâgasena ?

« Nullement, en vérité, Sire. »

« La sensation est-elle Nâgasena ?

« Nullement, en vérité, Sire. »

« La perception est-elle Nâgasena ?

« Nullement, en vérité, Sire. » 

« Les prédispositions sont-elles Nâgasena ?

« Nullement, en vérité, Sire. » 

« La conscience est-elle Nâgasena ?

« Nullement, en vérité, Sire. »

« Et alors, Vénérable, la forme, la sensation, la perception, les prédispositions et la conscience réunies sont-elles Nâgasena ? »

« Nullement, en vérité, Sire. »

« Y-a-t-il donc, Vénérable, quelque chose d’autre que la forme, les sensations, la perception, les prédispositions et la conscience qui soit Nâgasena ? »

« Nullement, en vérité, Sire. »

« Vénérable, quoique je te questionne de très près, je ne puis découvrir de Nâgasena ? En vérité, maintenant, Vénérable, Nâgasena n’est qu’un vide. Qui donc est le Nâgasena présent ? Vénérable ton dire est faux, mensonger, il n’y a pas de Nâgasena. »

 

Alors le Vénérable Nâgasena parla ainsi au roi Ménandre :

 

« Roi, tu es un prince délicat, un prince excessivement délicat ; et si, Roi, tu marches au milieu du jour sur un sol de sable chaud, et si tu foules aux pieds un gravier ou un sable rude, tes pieds s’enflamment, ton corps se fatigue, ton esprit s’obscurcit et tu as conscience de souffrir corporellement. Dis-moi, es-tu venu à pied ou en voiture ? »

« Vénérable, je ne suis pas venu à pied : je suis venu en chariot. »

« Roi, si tu es venu en chariot, fais-moi connaître le chariot. S’il te plaît, Roi, le timon est-il le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« L’essieu est-il le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« Les roues sont-elles le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« La caisse est-elle le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« La hampe du pavillon est-elle le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« Le joug est-il le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« Les rênes sont-elles le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« L’aiguillon est-il le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« S’il te plaît, Roi, le timon, l’essieu, les roues, la caisse, la hampe du pavillon, le joug, les rênes, l’aiguillon réunis sont-ils le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« Y-a-t-il donc, Roi, quelque chose d’autre que le timon, l’essieu, les roues, la caisse, la hampe du pavillon, le joug, les rênes et l’aiguillon qui soit le chariot ? »

« Nullement, en vérité, Vénérable. »

« Roi, quoique je te questionne de très près, je ne puis découvrir de chariot. En vérité, maintenant, Roi, le mot chariot n’est qu’un son vide. Qu’est-ce donc que ce chariot dans lequel tu prétends être venu ? Roi, ton dire est faux, mensonger : il n’y a pas de chariot. Roi, tu es le roi suprême dans tout le continent indien : qui crains-tu pour dire un mensonge ? Écoutez-moi, mes seigneurs, vous les cinq cents Yonakas et vous les quatre-vingt mille Bhiksus. Le roi Ménandre vient de dire : « Je suis venu en chariot » ; et quand on lui demande : « Sire, si vous êtes venu en chariot, faites-moi connaître le chariot », il ne peut vous faire voir de chariot. Est-il possible, je vous prie, que je souscrive à ce qu’il dit là ? »

 

Quand il eut ainsi parlé, les cinq cents Yonakas applaudirent le Vénérable Nâgasena et dirent au roi Ménandre : « Maintenant, Sire, répondez si vous le pouvez ! »

 

Alors le roi Ménandre dit au Vénérable Nâgasena :

« Vénérable Nâgasena, je ne mens point : le mot chariot n’est qu’une façon de dénombrer, un terme, une appellation, une désignation commode et un nom pour le timon, l’essieu, les roues, la caisse et la hampe du pavillon. »

 

« Parfait, Roi, c’est ainsi que tu comprends un chariot. C’est exactement de la même manière, Roi, en ce qui me concerne, que Nâgasena n’est qu’une façon de dénombrer, un terme, une appellation, une désignation commode, simple nom pour mes cheveux, mes poils…, ma cervelle,la forme, la sensation, la perception, les prédispositions et la conscience. Mais au sens absolu il n’y a pas de Moi à trouver ici. Et la prêtresse Vajirâ, Sire, a dit ceci en présence du Bienheureux : « De même « que le mot « chariot » signifie que les parties s’unissent « pour dessiner un ensemble, de même quand apparaissent les groupes, nous employons l’expression « être vivant » .»

 

« C’est admirable, Vénérable Nâgasena ! C’est merveilleux, Vénérable Nâgasena ! Que l’esprit de tes réponses est brillant et rapide ! Si le Bouddha vivait, il t’applaudirait. Fort bien, fort bien, Nâgasena ! Que l’esprit de tes réponses est brillant et rapide ! (Milinda-panha, 25, I, dans Henry Clarke WARREN, Buddhism in translations (1896), p.129

 

 

 

 

***

 Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka  IV-Ve Siècle