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 Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka  IV-Ve Siècle

LIVRES & ARTICLES

Un bref résumé des Enseignements du Bouddha

LES QUATRE NOBLES VÉRITÉS

Article préparé par le Centre Bouddhique du Bourget

 

 

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Qu'est-ce que le Vinaya?

 

 

 

Le Vinaya est le code de discipline à observer pour l’entraînement de soi, établi par le Bouddha pour les moines et les nonnes. Le Vinaya joue un rôle central dans leur mode de vie monastique.

 

 

Le Bouddha n’a pas formulé de code de discipline d’une seule traite. Cependant, Il a institué certaines règles au fur et à mesure que le besoin se présentait.  Le Vinaya Pitaka et son commentaire contiennent de nombreuses histoires importantes au sujet du pourquoi et du comment certaines règles ont été établies par le Bouddha. Selon le Bouddha, la meilleure forme de Vinaya était de discipliner l’esprit, les paroles et l’action. Les premiers disciples du Bouddha étaient très développés spirituellement et ils avaient peu besoin d’un ensemble de règles imposées. Cependant, comme l’ordre monastique (le Sangha) augmenta en nombre, il attira à lui beaucoup d’autres personnes, dont certaines n’étaient pas si fortement développées spirituellement. Il y eut quelques problèmes concernant leur conduite et leur mode de vie, comme la participation à des activités laïques pour leur subsistance et la soumission à la tentation des plaisirs des sens. En raison de cette situation, le Bouddha dut fixer des directives à suivre pour les moines et les nonnes afin qu’ils puissent faire la différence entre la vie des moines et celle des laïcs. L’ordre sacré des moines et des religieuses était un ordre religieux bien établi par rapport à d’autres pratiques ascétiques existantes à l’époque.

 

Le Bouddha a prescrit tous les conseils nécessaires pour maintenir l’ordre sacré dans tous les aspects de la vie. Lorsque le Bouddha est décédé, ces règles ont été rassemblées pour que l’Ordre puisse être organisé autour d’eux. Le code de conduite prescrit par le Bouddha peut être divisé en deux grands domaines. Ce sont des Codes Moraux Universels, Lokavajja, dont la plupart sont applicables à tous les membres de l’Ordre et aux laïcs pour avoir mené une vie religieuse.
 
Certains autres codes ou règles disciplinaires qui peuvent être institués pour répondre aux contraintes culturelles et sociales existantes du pays à tout moment sont appelés Pannatti Vajja.  Dans la première catégorie se trouvent les Lois Universelles qui restreignent tous les actes immoraux et nuisibles. La deuxième catégorie de règles s’appliquait presque directement aux moines et aux religieuses dans le respect des mœurs, des traditions, des devoirs, des coutumes. La transgression des codes moraux relatifs aux Lokavajja crée une mauvaise réputation ainsi que du mauvais kamma, tandis que la violation des codes disciplinaires fondés sur les conditions sociales ne crée pas nécessairement de mauvais kamma. Cependant, elle était sujette à la critique car la transgression sous quelque forme que ce soit pollue la pureté et la dignité du Saint Ordre. Ces règles étaient largement fondées sur la situation socioculturelle ou le mode de vie qui prévalait en Inde il y a 25 siècles.

 

Selon le Maha Parinibbana Sutta, le Bouddha avait proclamé que certaines règles 'mineures' pourraient être modifiées dans un souci d'adaptation aux changements dus au temps et à l’environnement, à condition que cela n’encourage pas un comportement immoral ou nocif. En fait, à l’époque même du Bouddha, certaines règles mineures ont été modifiées par les moines avec sa permission. Le Bouddha a également préconisé que les moines et les nonnes malades soient exemptés de certaines règles du Vinaya. Cependant, une fois les règles énumérées par les disciples au cours du premier Concile, convoqué trois mois après le trépas du Bouddha, il fut décidé que toutes les règles devaient être maintenues en totalité parce que personne ne savait avec certitude quelles règles devaient être modifiées. Enfin, les disciples décidèrent de respecter tous les préceptes prescrits par le Bouddha. Au fur et à mesure que le temps passait, les règles se fossilisaient et certains disciples orthodoxes insistaient pour que les règles soient suivies strictement à la lettre plutôt que dans l’esprit.
 
C’était précisément pour éviter une adhésion rigide à de simples règles de ce genre que le Bouddha n’a pas nommé un successeur pour prendre la relève après Lui. Il avait dit que la compréhension du Dhamma et son maintien comme le maître devrait être suffisant pour mener une vie sainte. Une autre raison pour laquelle les premiers disciples n’ont accepté de changer aucun des préceptes était qu’il n’y avait aucune raison ou opportunité pour eux de le faire dans un si court laps de temps après le trépas du Bouddha. C’était parce qu’à cette époque, la plupart de ceux qui avaient renoncé à leur vie mondaine l’avaient fait avec sincérité et conviction. Cependant, quand les conditions sociales ont commencé à changer et quand le bouddhisme s’est répandu dans de nombreuses autres parties de l’Inde et dans d’autres pays, la décision prise par les disciples de ne pas modifier les préceptes du Premier Concile est devenue un très gros problème parce que certaines règles ne pouvaient pas être adaptées pour répondre aux changements politiques et économiques dans diverses circonstances.

 

Développement de la communauté du Sangha


La communauté du Sangha, au cours du temps, a évolué elle-même en plusieurs sectes, dont beaucoup, tout en adhérant à certains des principaux préceptes établis par le Bouddha, avait, cependant, eu tendance à ignorer certaines des règles mineures. La secte Theravada semblait être plus orthodoxe, tandis que le Mahayana et quelques autres sectes tendaient à être plus libéraux dans leurs perspectives des observances religieuses.

 

La secte Theravada a essayé d’observer le Vinaya à la lettre même malgré les circonstances changeantes et l’environnement. Des changements mineurs des préceptes avaient cependant eu lieu de temps à autre, mais ils n’étaient pas officiellement reconnus même parmi les membres de la secte Theravada. Par exemple, nous pouvons examiner la règle concernant la prise de nourriture après l’heure prévue de la journée. La secte Theravada n’a pas ouvertement reconnu le fait que certaines variations pourraient être autorisées dans des circonstances particulières. Alors que les membres d’autres écoles s’adaptaient au port de robes de couleur et de motif appropriés, la secte Theravada continua à adhérer à l’utilisation des robes d’origine qui étaient traditionnellement prescrites malgré les conditions sociales et climatiques changeantes. Beaucoup de pratiques de l'ordre monastique sont clairement comprises seulement par ceux qui sont nés dans des cultures bouddhistes traditionnelles.

 

À l’autre extrême, il y a des moines qui insistent pour observer la lettre même du code du Vinaya plutôt que son esprit, même si une telle action embarrasserait les personnes autour d’eux. Par exemple, de plus en plus de moines bouddhistes sont invités dans des pays occidentaux où la culture du peuple et les conditions climatiques sont tellement différentes de celles en Asie, mais qui pourraient être considérées comme étranges et exotiques ailleurs. Ici encore, le moine doit faire preuve de bon sens et essayer de ne pas être objet de railleries et de moqueries aux yeux du peuple. La règle importante à observer est qu’aucun acte immoral, cruel, nuisible et indécent ne soit commis et que les sensibilités des autres soient respectées. Si les moines peuvent mener leur vie comme des êtres humains honnêtes, gentils, inoffensifs et compréhensifs en maintenant leur dignité humaine et leur discipline, alors ces qualités seront appréciées dans n’importe quelle partie du monde. Le maintien des soi-disantes traditions et coutumes de leurs pays d’origine respectifs a peu à voir avec l’essence du Dhamma telle qu’enseignée par le Bouddha.

 

Il y a aussi un autre problème. Beaucoup de personnes, en particulier celle de l’Occident qui ont accepté le mode de vie bouddhiste, après avoir lu les règles de Vinaya dans les textes, pensent que les moines doivent suivre toutes les règles en totalité dans n’importe quelle partie du monde, exactement de la même manière qu’elles ont été écrites dans les textes. Il ne faut pas oublier que certaines de ces règles, qui existaient dans la société indienne il y a 25 siècles, ne sont plus pertinentes en Asie aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que le Bouddha a institué les règles uniquement pour les membres de la communauté Sangha qui vivaient en Inde, en fait dans la région où il vivait. Ces moines n’eurent jamais d’expérience du mode de vie d'un autre pays. Leur préoccupation principale était le développement spirituel avec le minimum de perturbations et de gêne à la société où ils vivaient. Mais s’ils vivaient aujourd’hui, ils pourraient éprouver beaucoup d’autres nouveaux problèmes, s’ils observent strictement toutes les règles dans un pays où les gens ne peuvent pas les apprécier ou les comprendre.

 

Le code de discipline pour les dévots laïcs montre comment un laïc peut vivre une vie vertueuse et noble sans renoncer à la vie mondaine. Le conseil du Bouddha aux laïcs est contenu dans des discours comme le Mangala, Parabhava, Sigalovada, Vasala et Vyagghapajja et beaucoup d’autres discours.
Beaucoup de règles du Vinaya ne s’appliquent qu’à ceux qui ont renoncé à la vie mondaine. Bien sûr un laïc peut suivre certaines de ces règles si elles l’aident à développer une plus grande spiritualité.

 

Une société changeante

 

Quand la société change, les moines ne peuvent pas rester traditionalistes sans s’adapter aux changements, bien qu’ils aient renoncé à la vie mondaine. Les gens qui ne peuvent pas comprendre cette situation critiquent le comportement de certains moines à cause de ces changements.
Cependant, quand les moines veulent modifier certains préceptes mineurs, ils devraient le faire avec l’accord d’un Concile de Sangha reconnu. Les moines individuels ne sont pas libres de changer les règles du Vinaya selon leurs caprices et leurs fantaisies. Un tel Concile des membres du Sangha peut également imposer certaines sanctions contre les moines qui ont commis de graves transgressions du code de discipline et dont le comportement discrédite le Sangha. Le Bouddha a institué le Concile pour aider les moines à prévenir les mauvaises actions et éviter les tentations de la vie mondaine. Les règles étaient des directives plutôt que des lois inviolables dictées par une autorité divine.

 

Dans les pays asiatiques en particulier, les moines font l'objet d'un grand respect et d'une grande révérence. Les laïcs les respectent en tant qu’enseignants du Dhamma et en tant qu’hommes qui ont sacrifié la vie mondaine pour mener une vie sainte. Les moines se consacrent à l’étude et à la pratique du Dhamma et ne gagnent pas leur vie. Les laïcs, donc, veillent à leur bien-être matériel tandis qu’à leur tour, ils se tournent vers les moines pour leurs besoins spirituels.
À ce titre, les moines doivent se comporter de manière à mériter le respect et la révérence du public. Si, par exemple, un moine est vu dans un endroit peu recommandable, il sera critiqué même s’il n’est impliqué dans aucune action immorale. Par conséquent, il est du devoir des moines d’éviter certains environnements peu agréables afin de maintenir la dignité de l’Ordre Saint.

 

Si un moine ne respecte pas les sentiments de ses dévots laïcs et se comporte selon ce qu’il pense être juste et correct, alors les dévots laïcs ne seront pas tenus de pourvoir à ses besoins. Il y a beaucoup d’exemples dans les textes bouddhiques selon lesquels, même à l’époque du Bouddha, des dévots laïcs avaient refusé de s’occuper de moines arrogants, querelleurs ou irresponsables. Les moines peuvent être critiqués pour avoir fait certaines choses mondaines que seuls les laïcs sont libres de faire.

 

Le Dhamma et le Vinaya

 

De nombreuses personnes ne se sont pas encore rendues compte que le Dhamma, la Vérité exposée par le Bouddha, n’est modifiable en aucune circonstance. Certaines règles du Vinaya sont également incluses dans la même catégorie et ne peuvent être modifiées en aucune circonstance. Mais certaines autres règles du Vinaya sont sujettes à des changements afin d’éviter certains inconvénients indus. Le Dhamma et le Vinaya ne sont pas une seule et même chose. Des moines essaient d’observer certaines traditions de façon rigide comme s’il s’agissait de principes religieux importants, mais d’autres ne trouvent aucune signification ou implication religieuse authentiques dans leurs pratiques. Dans le même temps, certaines personnes égoïstes et rusées peuvent même essayer de maintenir certaines manifestations extérieures de pureté, afin d’induire en erreur les dévots innocents qui les considèrent comme des moines pieux et sincères. Beaucoup de pratiques soi-disant bouddhiques dans les pays asiatiques que les moines et d’autres suivent ne sont pas nécessairement des préceptes religieux, mais des pratiques traditionnelles maintenues par le peuple. D’autre part, certaines manières introduites pour les moines à observer comme disciplines préservent vraiment la dignité et la sérénité de l’Ordre Saint. Bien que les traditions et coutumes religieuses puissent créer une atmosphère conviviale pour le développement spirituel, certaines règles du Vinaya doivent être modifiées en fonction des conditions sociales changeantes. Si cela n’est pas fait, les moines devront faire face à de nombreux problèmes de survie, ainsi que dans leur relation avec le public.

 

Certains laïcs reprochent aux moines de détenir de l’argent. Il leur est difficile de mener à bien leurs activités religieuses et d’être actifs dans la société moderne sans avoir affaire à l’argent. Ce qu’un moine doit faire, c’est se considérer comme indépendant de l’argent ou des biens sans les considérer comme des biens personnels. C’est ce que le Bouddha voulait dire. Bien sûr, il peut y avoir des gens qui interprètent délibérément mal les règles aux fins vénales de gains matériels. Ils devront faire face aux conséquences de leur propre incapacité à obtenir le développement spirituel.

 

Cependant, ceux qui choisissent de se confiner dans une zone isolée de méditation pour la paix de l’esprit, devraient être en mesure d’accomplir leurs devoirs religieux sans entrave des choses mondaines qui peuvent devenir un lourd fardeau. Mais ils doivent d’abord s’assurer d’avoir suffisamment de partisans pour répondre à leurs besoins. Bien qu’il puisse y avoir de tels moines qui souhaitent se retirer complètement de la société, il doit y avoir suffisamment de moines dans la société pour répondre aux nombreux besoins religieux du grand public. Autrement, les gens peuvent penser que le bouddhisme ne peut pas leur apporter grand chose dans leur vie quotidienne.

 

Caractéristiques d'un Moine

 

Parmi les principales caractéristiques d’un moine, nous trouvons la pureté, la pauvreté volontaire, l’humilité, la simplicité, le service désintéressé, la maîtrise de soi, la patience, la compassion et la bienveillance. Il est censé observer les quatre types de Morale Supérieure, à savoir :
Patimokkha Sila : Le Code moral fondamental (infractions majeures liées à des activités immorales, cruelles, nuisibles et égoïstes)

 

Indriyasamvara Sila : La moralité liée à la maîtrise des sens.
Ajivaparisuddhi Sila : La moralité relative à la pureté des moyens d’existence.
Paccayasannissita Sila : La moralité relative à l’utilisation des conditions relatives à la vie.

 

Ces quatre types de moralité sont collectivement appelés Sila-Visuddhi (Pureté de la Vertu).
Lorsqu’une personne entre dans l’Ordre et reçoit son ordination, elle est appelée un novice ou Samanera. Elle est tenue d’observer les Dix Préceptes de Samanera avec certains codes de discipline pour mener une vie monastique jusqu’à ce qu’elle reçoive son ordination supérieure : l'Upasampada pour devenir un Bhikkhu ou moine à part entière.
Un Bhikkhu ou moine est tenu d’observer les quatre types de morale supérieure mentionnés ci-dessus, qui comprend 227 règles en dehors de plusieurs autres règles mineures. Les quatre règles principales qui traitent du célibat, de l’abstinence de voler, de tuer et de fausses prétentions à une spiritualité supérieure doivent être strictement observées. S’il transgresse l’une d’entre elles, un moine est considéré comme une personne déchue de la communauté du Sangha. Il sera privé de certains droits religieux par la communauté du Sangha. Dans le cas d’autres règles qu’il transgresse, il doit faire face à de nombreuses autres conséquences et faire amendement honorable selon la gravité de la transgression.

 

 

 

 

 

 

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