Centre Bouddhique International

Le Bourget - France

N° 1

 Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka  IV-Ve Siècle

Le Bouddhisme, la seule véritable science 

par le Vénérable Ajahn Brahmavamso Mahathera

 

 
 J'étais un scientifique. J'ai étudié la physique théorique à l'université de  Cambridge, traînant dans le même bâtiment que celui promis à devenir le célèbre professeur Stephen Hawking. J'eus une désillusion par rapport à une telle science quand, en tant qu'initié, je réalisai à quel point les scientifiques pouvaient être dogmatiques. Un dogme, d'après le dictionnaire, est une arrogante déclaration d'opinion.
Ce fut une description appropriée de la science que je vis dans les laboratoires de  Cambridge. La science avait perdu son sens de l'humilité. Des opinions égoïstes  prévalaient au détriment de la recherche impartiale de la Vérité. Mon aphorisme favori à cette époque fut: "l'éminence d'un grand homme de science, se mesure par le temps qu'il consacre à faire obstruction au progrès effectué dans son domaine"!
Pour comprendre la véritable science, on peut revenir à un de ses pères fondateurs, le philosophe anglais Francis Bacon (1561 - 1628). Il établit le cadre à partir duquel la science pouvait progresser, nommément "la plus grande force de l'exemple négatif".

 

Cela signifiait que, ayant proposé une théorie pour expliquer un phénomène naturel, on devrait ensuite essayer de prouver son contraire! On devrait tester la théorie par des expériences qui la remettent en question. On devrait la mettre à l'essai avec un argument rigoureux.
Quand un défaut apparaît dans la théorie, alors seulement la science peut progresser. Une nouvelle découverte a été faite et elle permet à la théorie d'être ajustée et raffinée. Cette méthodologie fondamentale et originale de la science permit de comprendre qu'il est impossible de prouver quelque chose avec une certitude absolue. On peut seulement prouver le contraire avec une certitude absolue.
Par exemple, comment peut-on prouver  la loi fondamentale de la gravité selon laquelle  "ce qui monte redescend, éventuellement"? On pourrait projeter en l'air des objets un million de fois et les voir tomber un million de fois. Mais cela ne prouve pas cependant que "ce qui monte descend".
 
En effet la NASA pourrait alors 'projeter' une rocket depuis Saturne dans l'espace pour explorer Mars, et elle ne redescendrait jamais sur la terre à nouveau. Un exemple négatif suffit pour prouver le contraire d'une théorie avec certitude absolue.
 Certains scientifiques égarés maintiennent la théorie selon laquelle il n'y a point de renaissance, que ce courant de conscience est incapable de retourner à une existence humaine subséquente. Tout ce dont on a besoin pour prouver le contraire de cette théorie, conformément à la science, c'est de trouver un exemple de renaissance, juste un!

 

Le professeur Ian Stevenson, comme certains d'entre vous devraient le savoir, a déjà démontré de nombreux exemples de renaissances. On a prouvé le contraire de la théorie selon laquelle il n'y a pas de renaissance. La renaissance est désormais un fait scientifiquement établi!
La science moderne accorde une faible priorité aux efforts pour prouver le contraire de ses théories favorites. Il existe trop d'intérêts à conserver le pouvoir, le prestige et les subventions de recherches. Un  engagement courageux à la recherche de la vérité arrache de nombreux scientifiques hors de leur zone de confort.

 

Les scientifiques ont, pour la plupart d'entre eux, subi un lavage de cerveau au travers de leur éducation et de leurs conférences internes, afin de réduire le monde à une vision très étroite et microscopique. Les pires des scientifiques sont ceux qui se comportent comme des évangélistes excentriques, en proclamant qu'ils possèdent seuls la vérité absolue, et réclament ensuite le droit d'imposer leur vision des choses à tout le monde.
 Les gens ordinaires connaissent si peu de choses sur la science qu'ils peuvent difficilement comprendre ne serait-ce que le jargon des scientifiques.

 

 En fait, s'ils lisent dans un journal ou un magazine "un scientifique affirme que », alors ils croient automatiquement que c'est la vérité. Comparez ceci avec notre réaction quand nous lisons dans le même journal "un politicien affirme que?"! Pourquoi est-ce que les scientifiques ont une telle crédibilité qui relève tous les défis?
 Peut-être c'est parce que le langage et le rituel de la science ont été soustraits du commun des mortels, que les scientifiques sont devenus de nos jours une prêtrise  mystique et révérée.
 Habillés de  leurs blouses blanches de cérémonie, chantant des  charabias incompréhensibles au sujet d'univers parallèles fractionnés, et accomplissant des rituels magiques qui opèrent la transsubstantiation du métal et du plastique en télévisions et ordinateurs, ces alchimistes des temps modernes sont si impressionnants que nous croirons tout ce qu'ils disent. La science élitiste, tel que le pape le fut jadis, est désormais infaillible.

 

Quelques uns sont plus éclairés. La plupart des choses que j'ai apprises il y a 30 ans se révèle maintenant être faux. Il existe, heureusement, de nombreux scientifiques ayant de l'intégrité et de l'humilité et qui affirment que la science est, au mieux, un travail qui est toujours en progrès.
 Ils savent que la science peut seulement suggérer une vérité, mais ne peut jamais revendiquer une vérité. Un bouddhiste m'a dit jadis que, le premier jour d'études dans une école médicale de Sydney, le célèbre Professeur, qui dirigeait l'école médicale, a commencé son allocution de bienvenue en disant: «La moitié de ce que nous allons vous apprendre dans les prochaines années est fausse. Notre problème réside dans le fait que nous ne savons pas de quelle moitié il s'agit!" Tels furent les propos d'un véritable scientifique.

 

Certains scientifiques évangéliques feraient mieux de réfléchir au sujet du vieux dicton (modifié) "Les scientifiques se précipitent là où les anges craignent de s'aventurer" et cessent de pontifier au sujet de la nature de l'esprit, le bonheur et même le Nirvana. Les neurologues sont particulièrement sujets à de telles névroses  (Névrose: une adhésion excessive à des idées irréalistes sur les choses).
Ils affirment que l'esprit, la conscience et la volonté, sont désormais adéquatement expliqués par l'activité siégeant  dans le cerveau. Le contraire de cette théorie fut prouvé il y a 20 ans grâce à la découverte du Prof. Lorber au sujet de l'étudiant de l'université de Sheffield qui avait un QI de 126, un diplôme en mathématiques, mais virtuellement pas de cerveau (Science, Vol. 210, 12 Déc 1980)!
Plus récemment, le contraire fut également prouvé par le Prof. Pim Van Lommel, qui démontra l'existence d'activités de la conscience après une mort clinique, quand toutes activités du cerveau ont cessé (Lancet, Vol. 358, 15 Décembre 2001, p 2039).

 

Bien qu'il y aurait une corrélation entre une activité quantifiable dans une partie du cerveau et une impression mentale, un tel « co-évènement » n'implique pas toujours  que l'un est la cause de l'autre. Par exemple, il y a quelques années, une recherche a démontré une corrélation claire entre le fait de fumer des cigarettes et la non-apparition de la maladie  d'Alzheimer.
Ce n'était pas en fait fumer des cigarettes qui assurait l'immunité contre la maladie  d'Alzheimer, autant que les firmes de tabac l'auraient souhaité, c'était seulement le fait que de nombreux fumeurs ne vivent pas assez longtemps pour attraper la maladied'Alzheimer!
Ainsi une coïncidence de deux phénomènes, même quand elle est répétée, ne signifie pas forcément qu'un phénomène est la cause de l'autre. Affirmer qu'une activité dans le cerveau cause l'apparition de la conscience, ou l'esprit, est tout à fait antiscientifique.
Le bouddhisme est plus scientifique que la science moderne. Comme la science, le bouddhisme est fondé sur des relations de cause à effet vérifiables. Mais contrairement à la science, le bouddhisme défie avec minutie toutes les croyances.

 

Le fameux Kalama Sutta du Bouddhisme déclare que  l'on ne doit pas croire pleinement en " ce qui est enseigné par tradition, ouï-dire, les écritures, la logique, l'inférence, les apparences, parce que c'est en accord avec l'opinion établie, les compétences apparentes du maître, ou même par la considération que c'est notre maître qui enseigne".

 

Combien de scientifiques sont aussi rigoureux de cette manière dans leur façon  de penser? Le Bouddhisme défie tout, y compris la logique.
Il est bon de noter que la théorie des Quantum apparut tout à fait illogique, même à de très grands scientifiques tels qu'Einstein, quand elle fut prôner pour la première fois. On attend la preuve de son contraire. La logique  n'est aussi fiable qu'aux hypothèses sur lesquelles elle est fondée. Le Bouddhisme n'accorde sa confiance qu'à l'expérience claire et objective.
L'expérience claire apparaît quand nos instruments de mesures, nos sens, sont clairs et  paisibles. Dans le Bouddhisme, cela se manifeste lorsque les obstacles de la paresse et de la torpeur et ceux de l'agitation et des remords sont tous vaincus. L'expérience objective est celle qui est libre de toute partialité.

 

Dans le Bouddhisme, les trois formes de partialités sont le désir, la malveillance et le doute sceptique. Le désir fait que les êtres ne voient que ce qu'ils veulent voir, il manipule la vérité afin qu'elle corresponde à leurs préférences. La malveillance nous rend aveugles à tout ce qui perturbe ou remet en question notre vision des choses et elle déforme la vérité par la négation.
Le doute sceptique refuse obstinément d'accepter ces vérités, comme la renaissance, qui sont pleinement valides mais qui ne relèvent pas de la vision rassurante que nous avons du monde.

 

En résumé, l'expérience claire et objective apparaît seulement quand les « Cinq Obstacles » définis par le Bouddhisme ont été écartés. Seulement alors l'on peut faire confiance aux données qui sont transmises par nos sens.
En raison du fait que les scientifiques ne sont pas libérés de ces cinq obstacles, leur esprit est rarement clair et objectif. Un fait est communément répandu, par exemple, parmi les scientifiques, d'ignorer toute donnée ennuyeuse, qui ne cadre avec leurs chères théories, ou encore faire tomber cette preuve en désuétude en la classant comme « anomalie ».

 

Même la plupart des Bouddhistes ne sont pas clairs et objectifs. Quelqu'un doit avoir fait récemment l'expérience des jhana afin d'efficacement écarter ces obstacles (conformément au Nalakapana Sutta , Majjhima No. 68). Alors seules des méditants accomplis peuvent proclamer être de véritables scientifiques, c'est à dire, clairs et objectifs.
La science affirme se baser non seulement sur une observation claire et objective, mais aussi sur la mesure. Mais qu'est-ce que la mesure dans la science? Pour mesurer quelque chose, d'après la pure science de la théorie des quantum, il faut provoquer l'effondrement ??? de l'équation ondulatoire??? de Schrödinger Wave??? par un acte d'observation.

 

De surcroît, la forme "non-effondrée" de l'équation ondulatoire de Schroedinger, c'est à dire avant qu'une mesure soit faite, est, peut-être, la description scientifique du monde la plus parfaite qui soit.
Cette  description est bizarre! La réalité, d'après la science pure, ne consiste pas en une matière bien ordonnée avec des masses précises, des énergies et des positions dans l'espace,  qui attendent toutes d'être mesurées. La réalité est la plus vaste des taches de toutes les possibilités, certaines étant plus probables que d'autres.

 

Même les qualités mesurables de base comme 'vivante' ou 'morte' ont été démontrées comme invalides par la science parfois. Dans l'expérimentation sur la pensée  du « chat de Schrodinger's », le chat du Prof. Schroedinger fut ingénieusement placé dans une situation où il n'était ni vivant ni mort, où de telles mesures devenaient insignifiantes. La Réalité, d'après la théorie des Quantums, est au-delà de toute mesure. La mesure perturbe la réalité, elle ne la décrit jamais parfaitement.
Ce fut le célèbre « Principe d'Incertitude » de Heisenberg qui démontra l'erreur   inévitable entre le monde réel des Quantums et le monde mesuré des pseudo-sciences.

 

En tous cas, comment qui que ce soit pourrait mesurer le mesureur, l'esprit? Lors d'un séminaire récent sur la science et la religion, auquel j'étais un des conférenciers, une Catholique dans l'audience annonça avec bravoure qu'à chaque fois qu'elle regardait les étoiles au travers d'un télescope, elle se sentait mal à l'aise parce que sa religion était menacée.

 

Je fis le commentaire suivant à savoir que quand un scientifique regarde avec une autre optique de vision personnelle à travers un télescope, pour observer celle qui regarde (les étoiles), alors il se sent mal à l'aise parce que sa science est menacée par ce que la vision génère (comme pensée)! Donc qu'est-ce que fait la vision, quel est cet esprit qui élude la science moderne?
Une enseignante du primaire une fois demanda à sa classe "Quelle est la plus grande chose dans le monde?" Une petite fille répondit  "Mon papa". Un petit garçon dit "Un éléphant", car il avait récemment été au zoo. Une autre fille suggéra  "Une montagne".
La fille de six ans d'un de ses amis proches  répliqua, "Mon oeil est la chose la plus grande au monde"! La classe retint son souffle. Même l'enseignante ne comprit pas  sa réponse. Ainsi la petite philosophe expliqua "Bien, mon oeil peut voir son papa, il peut voir un éléphant, et une montagne aussi. Il peut aussi voir tant d'autres choses. Si tout cela peut convenir à mon oeil, mon oeil doit être la chose la plus grande dans le monde. » Brillant!

 

Cependant, elle n'avait pas entièrement raison. L'esprit peut voir toutes les choses que notre oeil peut voir, et il peut également  imaginer tant d'autre choses. Il peut aussi entendre, sentir, goûter et toucher, au même titre que penser. En fait, tout ce qui peut être connu peut être contenu dans l'esprit. Par conséquent, l'esprit doit être la chose la plus grande du monde. L'erreur de la science est évidente à présent. L'esprit ne se situe pas dans le cerveau, ni dans le corps. Le cerveau, le corps et le reste du monde, sont dans l'esprit !

 

L'esprit est le sixième  sens dans le Bouddhisme, c'est ce qui englobe les cinq sens de la vue, l'audition, le sens olfactif et le sens tactile, et qui les transcende avec son domaine propre. Il correspond de façon « lâche » au « sens commun » d'Aristote, qui est distinct des cinq sens.
En fait, la philosophie grecque ancienne, d'où la science puise ses origines, enseigna qu'il y a six sens comme le Bouddhisme. Quelque part, le long du voyage  de la pensée européenne à travers l'histoire, ils perdirent leur esprit! Or, comme Aristote lui-même le formulerait, ils abandonnèrent leur « sens commun » en quelques sortes"! Et ainsi nous vîmes l'éclosion de la science. Nous avons eu droit au matérialisme sans coeur. On pourrait dire avec précision que le Bouddhisme est la  science qui a gardé son coeur, et qui n'a pas perdu son esprit!
Ainsi le Bouddhisme n'est pas un système de croyance. C'est une science fondée sur l'observation objective, la. méditation, toujours prudente à ne pas « déranger » la réalité en lui imposant des mesures artificielles, et c'est évidemment reproductible??? and it is evidently repeatable.
Les gens ont recréé les conditions expérimentales, connues comme l'établissement des facteurs du Noble Sentier Octuple, depuis vingt-six siècles désormais, pendant bien plus longtemps que la science. Et tous ces célèbres professeurs de méditation, les Arahants masculins et féminins, sont tous arrivés aux mêmes conclusions que le Bouddha.

 

Ils ont vérifié la loi intemporelle du Dhamma, autrement connu sous le nom de Bouddhisme. Donc le Bouddhisme est la seule véritable science,  et je suis heureux de dire que je suis encore un scientifique dans le coeur, seulement un scientifique bien meilleur que je n'aurais jamais pu l'être à Cambridge .
 

 

#2 - Le Dhamma et la science

 

Soit un homme de science ou un Bouddha, chacun "découvre" la voie par laquelle la nature agit, c'est-à-dire révèle au monde les lois fondamentales de la nature.
Pour apprécier l’œuvre du Bouddha comparée à celle d’un homme de science, contemplez ce qui suit:La connaissance scientifique que nous avons de nos jours, est l’effort cumulatif de milliers d’hommes de science, chacun faisant progresser la connaissance à son niveau. Comme l’a dit Newton : « J’ai de la chance de me placer sur les épaules de géants pour voir davantage. »

 

Les hommes de science n’ont pas tous apporté la même contribution. Galilée, Newton et Einstein ont réalisé des « pas géants » en comparaison avec d’autres étapes franchies par des hommes de science d’un niveau inférieur. De nos jours, l’effort cumulé durant des centaines d’années a permis à la science de réaliser une avancée remarquable sur la voie de la compréhension des lois fondamentales en lien avec la matière inerte. Mais, virtuellement, il n’y a pas de progrès dans le domaine de la compréhension de la manière dont le mental fonctionne.

 

Le Dhamma du Bouddha est l’ultime Grande Théorie Unifiée. Il explique toutes choses, non seulement le parcours de la matière et des êtres vivants que nous voyons, mais aussi l’existence   d’un nombre infini de mondes habités et dans vingt-neuf royaumes d’existence (autre que ceux de l’être humain et des animaux) que nous ne voyons pas.

 

Le Dhamma du Bouddha n’est pas une religion dans le sens de procurer le salut. Le Bouddha n’était pas un dieu, un prophète ou un messager. Il était un être humain qui a purifié son mental à la perfection au point qu’il pût contempler la totalité de l’existence. Le Bouddha a été le plus grand des hommes de science ; il a investigué le problème de l’existence et y a trouvé la solution complète. Nous avons tous besoin de trouver notre délivrance en suivant la Voie qu’il a tracée pour la purification de notre mental.
Newton n’aurait pas découvert les lois de la gravité si ce n’était les efforts des hommes de science tels que Brahe et Copernic. De même, Einstein n’aurait pas découvert la relativité sans ce qui a été apporté par d’autres hommes de science. La mécanique du Quantum n’aurait pas été découverte en dehors des efforts de multiples hommes de science, lesquels ont progressé à la lumière des réalisations de centaines d’autres hommes de science.

 

Mais le Bouddha a découvert le fonctionnement de l’ensemble des lois de l’existence dans trente et un royaumes desquels la science n’a pas connaissance, et y compris la manière dont la matière inerte agit en eux ainsi que les esprits des êtres habitant ces trente et un royaumes.
Nous pourrions dire qu’une intelligence du niveau de Newton et Einstein apparaît à peine une fois de temps en temps au fil des siècles. Mais l’esprit du Bouddha est infiniment plus évolué et il ne se manifeste qu’après des millions d’années pour le bonheur des êtres.

 

Le point de vue du Bouddha concernant l’univers, consistant en d’innombrables « systèmes de monde », n’était pas admis il y a quelques siècles. Mais de nos jours ce n’est plus le cas. Sa déclaration : « il n’y a pas de commencement discernable de la vie », est aussi défendue grâce à des découvertes scientifiques. En ce qui concerne l’une des théories scientifiques évaluées à notre époque, la seule difficulté réside dans l’essai d’appréhender comment un créateur, quel qu’il soit, rivalise avec l’activité cosmique qui, elle, dépasse l’entendement.
Dans le Dhamma du Bouddha ; il n’y a pas de cause première (pas de créateur) ; la vie a toujours existé et elle existera toujours. Chaque entité vivante a transmigré dans des existences naissances-renaissances et sans début concevable. Cependant, toute chose dans le « monde autour de nous » est impermanente y compris notre propre univers (un « système majeur de monde » dans le Dhamma du Bouddha).
Tout prend naissance, a une existence transitoire et se détériore en fin de compte, y compris notre univers. Les univers, comme toute autre chose, naissent et se décomposent.

 

Si la vie n’a pas de commencement, où la vie a-t-elle existé avant le « big bang » c’est-à-dire avant que notre univers ait existé ? En réalité, la vie, croit-on, a existé très longtemps après. Les gens qui ont vécu il y a un siècle ont tenu les propos du Bouddha sur ce point, uniquement par foi (ou sur la base d’une image globale)-comme décrits par les Quatre Nobles Vérités et le Noble Chemin Octuple. Mais nous avons de la chance que cela soit confirmé par le fait que la science moderne nous donne quelques raisons plutôt convaincantes sur ce que la vie existe à jamais. Examinons la preuve émergente.
Déjà au début des années 1900, Lord Kelvin, l’un des plus éminents hommes de science de l’époque, avait estimé que l’âge du soleil était de 40 millions d’années basées sur la contraction gravitationnelle (la structure atomique n’était pas encore connue), et notre connaissance de l’univers était très limitée au seul système solaire. Autrement dit, l’âge de notre « univers connu » était très court et les enseignements du Bouddha sur un Samsara sans début semblaient être un mythe.

 

La prise de position en faveur des enseignements bouddhiques a débuté au commencement des années 1900 avec l’arrivée de la technique du quantum et de la relativité. La découverte de la radioactivité en 1898 par l’explication de l’effet photoélectrique en 1905 a conduit à la théorie du quantum de la structure atomique, laquelle, par conséquent, a abouti à une image correcte de la fusion atomique et comme étant la source de l’énergie solaire. En effet, en 1956, l’âge du système solaire était établi à 4 milliards d’années, et l’âge de l’univers était estimé à environ 14 milliards d’années. Mais « des milliards d’années » ne sont pas synonyme de « temps-sans-commencement ».

 

En 1929, Elwin Hubble a prouvé que les galaxies distantes s’éloignent les unes des autres et de notre galaxie, cette dernière n’étant qu’une parmi d’innombrables galaxies. Cette découverte a été le précurseur de celle selon laquelle il existe 400 milliards de galaxies dans notre univers observable, comme cela est admis de nos jours.

 

Dès le 21ème siècle, il existe une explication crédible sur le début de notre univers. La théorie généralement admise sur le « big bang » est la théorie enflée d’Alan Guth, fascinante à lire. Je vais en citer un point qui étayera ma thèse.

 

Une région de fausse vacuité ne produit pas simplement un univers, mais aussi un nombre infini d’univers. Dans le sac de course cosmique, une infinité d’univers de poche peuvent être achetés pour le prix d’un. Chaque univers de poche subit une histoire de Big Bang, comme nous le croyons au sujet de l’univers observé. Du moment où chaque univers de poche traverse un processus de dilatation, il deviendrait presque complètement plat. Pour une période bien plus longue que 10 à 15 milliards d’années d’histoire de notre univers depuis le big bang, l’évolution de notre univers de poche sera indistinguable d’un univers plat. Finalement, les déviations de l’aplatissement s’accentueront.
 
Des parties de chaque univers de poche s’écraseront au moment où d’autres parties diminueront au point de devenir une masse de petite densité. A très grande échelle, d’un point de vue qui montre tous les univers de poche, l’évolution ressemblera de près au modèle de l’état fixe, ancien, d’univers. Comme les univers de poche mènent leur vie et s’écrasent et diminuent, de nouveaux univers sont générés et prennent leur place. Bien que du point de vue de l’ultime destin, notre univers de poche est plus sujet au scénario « inflationnel » plutôt qu’une simple théorie du big bang, l’univers tout entier se régénère éternellement, en produisant à jamais des univers de poche. Et, alors que la vie sur notre univers de poche mourra vraisemblablement, la vie dans l’univers total croîtra éternellement.

 

5. C’est un exemple stupéfiant constaté par la science qui rejoint le Dhamma du Bouddha : la vie a toujours existé dans des univers qui ont disparu de longue date, et elle existera à jamais dans de futurs univers.
Il existe plusieurs théories explorées régulièrement dans la mécanique du quantum en rapport avec la cosmologie. Selon l’une d’elles, pour chaque événement possible, il existe un univers. Par conséquent, il doit exister un nombre infini d’univers parallèles. Par exemple, référez-vous à « The beginning of infinity », (le commencement de l’infinité) publié en 2011. D’après toutes ces théories, il existe de multiples univers qui existent toujours.

 

En tous cas, le Bouddha n’a certainement pas dit laquelle de ces théories est correcte. Il a juste dit que la vie a toujours existé et qu’elle existera toujours ; et que les univers apparaissent et existent pour un temps avant de disparaître.
Analysons maintenant des expériences récentes que certains chercheurs interprètent faussement et en donnant la conclusion qu’il n’existe point de libre arbitre.

 

#3 - Qu’est-ce que la conscience ?

 

1. Les philosophes tout au long des siècles ont lutté pour découvrir comment apparaît la conscience chez l’être humain. Pour les « matérialistes », tout ce qu’un être humain fait a le corps pour origine, et ils tentent d’expliquer la conscience comme une chose qui procède de l’action du cerveau.
Pour les « dualistes », la conscience est totalement distincte du corps matériel, et ils appartiennent au royaume des religions théistes (en lien avec une « âme »).
Selon le Bouddha, la conscience, avec le corps, sont deux des cinq « agrégats » en lesquels consiste l’être humain. Et, la conscience ne procède pas du corps, mais avec le corps à la conception.

 

2. Tout d’abord, définissons la conscience.
D’après le Bouddha, un être conscient est un  « être au courant », mais avec des sentiments et des perceptions ainsi que la capacité de se « rappeler le passé ».
Il existe plusieurs définitions de la conscience dans la science moderne, mais le consensus général parmi les savants et les philosophes consiste en ce que l’état d’un être conscient est condition d’être au courant de ce qui l’entoure et être conscient de sa propre existence (ou être conscient de soi, auto-conscient).
L’on peut, cependant, dire que la science et le Bouddhisme attribuent un sens similaire au terme « conscience ».
La définition bouddhique de la conscience tient compte des rôles critiques joués par : vedana (sentiments), sanna (perceptions) et le manasikara cetasika et 52 autres facteurs (cetasika) qui se combinent pour produire le vinnana qui ne peut qu’à la rigueur être traduit par « conscience ».

 

3. Sur l’origine de la conscience, nous avons trouvé trois « théories » :
La science contemporaine est basée entièrement sur la matière : l’univers débute avec le « big bang », créateur de toute la matière existante,et tous les êtres ont « évolué » à partir de cette matière inerte et la conscience aussi a évolué de la même manière, « manière » toujours inconnue.
Les religions théistes avancent, bien sûr, que les êtres humains ont été créés avec une conscience introduite en eux par un Dieu Tout-Puissant et que les animaux aussi ont été créés par lui mais ils sont dépourvus de conscience.
Le Bouddha ne rejoint ni l’une ni l’autre de ces deux théories avancées. Selon lui, les êtres vivants (humains et animaux) doués de conscience diffèrent de la matière inerte, et ils n’ont pas été créés ? De plus, il n’existe de début traçable de la vie; celle-ci a toujours existé et elle existera à jamais jusqu’à la réalisation de Nibbâna. Tout a une cause y compris la vie.

 

La conscience est plus que l’enregistrement d’un événement visuel ou un événement auditif, par exemple. Elle renferme une variété de facteurs mentaux tels que sanna (perception) et vedana (sentiments).
Une caméra capte l’image d’un chat, mais elle n’est pas consciente de la présence de celui-ci. En outre, un chien voit un chat et s’en rend compte. Non seulement il voit le chat, mais il sait exactement où il est et peut tenter de l’attraper. Avez-vous un jour pensé que nous ne voyons les choses qu’en sachant où elles se trouvent exactement ? Sans cette capacité, nous ne pouvons même pas marcher sans nous cogner contre les choses. Comment savez-vous que la personne qui est en face de vous n’est qu’à quelques pieds de distance de vous ? La conscience est liée à un être sensible, le mental. La science ne peut cependant pas expliquer cette capacité.

 

4. Il y a aussi le problème de la qualité phénoménale de l’expérience consciente : qualia ??? les sentiments subjectifs, la rougeur de ce qui est rouge, la chaleur de ce qui est chaud, etc. Comment elle apparaît chez un être fait d’atomes inertes ? Fondamentalement, il existe deux approches pour résoudre ce problème dans la philosophie et la science modernes.
Selon l’une d’elles, elle surgit en tant que propriété émergente dans les activités des neurones du cerveau. La seconde théorie propose la thèse de la dualité avancée par René Descartes au 17ème siècle et qui persiste de nos jours. A titre d’exemple, nous trouvons David Chalmers et son « The character of consciousness » (le caractère de la conscience) publié en 2010.

 

Un sous-ensemble de ces savants pensent que la conscience est liée aux microtubules dans une cellule (par exemple, référez-vous à « The Emerging Physics of Consciousness » (les éléments physiques émergents de la conscience et Jack A. Tuszynski et John Smythies (2006) avec « Brain and Consciousness : The Ghost in the Machines » (cerveau et conscience : les fantômes dans les machines), Journal of scientific exploration, vol.23, N°1, p. 37-50 ; 2009). En dépit de tant de recherches, la question sur l’apparition de qualia, et les sentiments subjectifs d’une matière inerte restent un mystère.

 

Si la cellule est répondante cela ne veut pas dire qu’elle soit pourvue de conscience ; la cellule peut s’étendre et se rétrécir (réactions chimiques) en réponse à des stimulants de l’environnement. D’une certaine manière, quelque chose de semblable se produit quand une plante se tourne vers le soleil ; bien sûr, la vie de la plante n’est pas sensible. Donc, le fait qu’une entité réponde à une influence extérieure ne signifie pas forcément que l’entité en question soit « mentalement pourvue d’attention » à une influence extérieure, autrement dit, qu’elle soit pourvue de conscience.
Cependant, tous ces hommes de science et philosophes sont bien loin de résoudre le problème des quatre agrégats du mental, à savoir : les sentiments, les perceptions, les formations volitives (sankhara) et la conscience, qui sont à la base des aspects mentaux de l’être humain. Ils ciblent principalement la conscience et la perception à leur première étape, et ils ne tiennent pas compte de la nature intrinsèque du mental. Il serait intéressant de voir quel progrès ils peuvent réaliser en adoptant une approche totalement matérialiste.

 

5. Il y a, tout de même, preuve sur ce que certains savants éminents commencent à douter que cette « vision du monde » ne peut être réalisée sans tenir compte des aspects mentaux. Cette tendance a commencé avec l’invention de la mécanique du quantum au début du vingtième siècle et elle gagne doucement du terrain. Quelques idées intéressantes sont examinées dans nombre de livres, dont « wholeness and the implicate order » (« l’intégralité et l’ordre impliqué »), par David Bohm, 1980, « l’énigme du quantum » par Bruce Rosenblum et Fred Kuttner, en 2006, et « Biocentrism » (Biocentrisme) par Robert Lanza, en 2009.
Cependant, les tentatives d’expliquer le mental comme étant une manifestation de phénomènes de quantum échoueront, car c’est le mental qui précède la matière. Voir « la double déchirure expérimentée-corrélation entre le mental et la matière ? »

 

6. La conscience (vinnana) traitée dans cette section ne tient pas compte du fait que la conscience de toute entité vivante (en dehors de l’Arahant) est contaminée par les souillures. Notre attention n’est pas pure ; elle est comme un regard jeté à travers une fenêtre au milieu du brouillard. Ce fait est traité dans « Vinnana (la conscience) » et dans « l’expansion de la conscience par la purification du mental. »
Conscience : dépendance du nombre des dimensions

 

Pour une introduction à la conscience, référez-vous à « Qu’est-ce que la conscience ? »

 

1. Quand nous fixons le regard en profondeur sur la question de la conscience, nous réalisons des variétés inimaginables de la vie. Commençons avec la question de la dimension. La vie des êtres humains dans un monde à quatre dimensions ; en d’autres termes, les humains sont conscients de quatre dimensions ; trois d’espace et une du temps.
Même si nous avons l’habitude de penser que le temps est différent des dimensions spatiales, selon la théorie de la relativité générale ; Einstein a démontré que l’espace et le temps sont liés entre eux. Il a montré que la force de la gravité peut s’expliquer comme des perturbations dans le tissu de l’espace-temps dues à la masse.
Existerait-il dans des dimensions supérieures des êtres qui échappent à notre attention ?

 

2. Certes, nous ne pouvons même pas commencer d’imaginer plus de quatre dimensions (ou plus de trois dimensions spatiales). Cependant, il est plus facile d’y penser et de visualiser nombre de dimensions inférieures. Imaginez une créature vivante à deux dimensions se trouvant sur votre table de cuisine ; une fourmi serait l’exemple le plus réel, si nous imaginons que la fourmi ne peut pas voir au-dessus de la table (une véritable créature à deux dimensions n’aurait que longueur et largeur).
Si nous posons une main sur la table, la créature à deux dimensions pourrait voir une partie de la projection de la main sur la table. Si vous retirez la main d’au-dessus de la table, dans la mesure où la créature à deux dimensions est concernée, « la main » disparaît ; elle ne peut « voir » aucune partie de la main si celle-ci s’est retirée de la table ; par conséquent, il n’y a aucune impression que la main existe ailleurs ; elle est inexistante dans son « univers à deux dimensions ».
Pour une histoire drôle de créature à deux dimensions, référez-vous à « Flatland : histoire de nombreuses dimensions », par Edwin A. Abbot », 2002. L’histoire a été écrite en 1884 par Abbott, un mathématicien.

 

3. « L’attention » d’une créature à deux dimensions sur la table de cuisine est limitée à son monde de deux dimensions. Elle ne saisit rien en dehors de la surface de la table (si elle est un « monde à deux dimensions », la surface peut s’étendre à l’infini, et dans la mesure où une créature à deux dimensions est concernée, elle n’a pas de « fin »). En outre, un monde à une seule dimension imbriqué dans le monde à deux dimensions, serait une ligne sur cette surface. Une créature à une dimension dans un monde à une dimension ne verra rien de ce qui se trouve hors de la ligne.
En effet, les créatures à deux dimensions peuvent dépasser le monde à une dimension en traversant la ligne susmentionnée.
Il est évident que la conscience d’une créature a une dimension est très limitée, non nécessairement par ses capacités mentales, mais par les dimensions du « monde » qui est en elle. Une créature à deux dimensions a une conscience étendue en comparaison avec une créature à une dimension. Nous, dans le monde à trois dimensions, nous possédons une conscience encore plus étendue. (il faut garder à l’esprit que l’on inclut le dimension du temps dans tous les cas susmentionnés où seul l’espace est considéré).

 

4. Si notre monde a plus de trois dimensions spatiales, il y a d’autres mondes desquels nous ne sommes pas conscients du fait que notre conscience se limite à trois dimensions spatiales.
Par conséquent, il doit y avoir des êtres dans différentes dimensions, desquels nous ne sommes pas conscients. Nous sommes en mesure de voir des « projections » d’eux s’il y a transcendance des dimensions susmentionnés. Au cas contraire, il n’est point possible d’être conscients de l’existence de ces êtres.
A titre d’exemple, dans le cas inférieur quant aux dimensions que nous avons examinées plus haut, si une créature à deux dimensions transcende la ligne du « monde à une dimension », la créature à une dimension verra un « point » pendant la transcendance opérée par la créature à deux dimensions de la ligne. Et, si le « monde à une dimension » se place au-dessus de la table, il n’y a pas de transcendance et les créatures ne sont pas conscientes de la présence, chacune, du monde de l’autre.

 

5. Il est possible de « voir » des êtres autres qu’humains et animaux grâce au développement de certains pouvoirs jhaniques (abhinna). De nombreux Yogis avant comme après le Bouddha, ont pu percevoir ces êtres avec lesquels ils ont œuvré. Mais cela n’est pas le but du Nibbâna, et il existe des Arahant qui n’ont pas développé de tels pouvoirs. En fait, le Bouddha n’a pas encouragé le contact avec de tels êtres notamment ceux des plans inférieurs.
« Notre monde » est bien plus complexe que ce qui est perçu par nos sens, même si la technologie nous a rendus capables d’étendre notre conscience. Nous pouvons étendre davantage notre conscience par la purification de notre mental. Un mental purifié peut voir la vérité dans le monde du Bouddha qui est bien plus vaste.

 

Notre vie ne prend pas fin au terme de la vie présente. Ces faits constituent le fondement de la véritable nature de l’existence, et ils ont besoin d’être examinés avec un esprit critique. L’on ne peut appréhender le message du Bouddha sans au moins avoir une idée sur cette « grande image ».

 

 

 

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