Centre Bouddhique International

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Un bref résumé des Enseignements du Bouddha

LES QUATRE NOBLES VÉRITÉS

Articles préparés par le Centre Bouddhique du Bourget

 

 

 

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Y-a-t-il une Âme Éternelle?

 

 

 

La croyance en une âme éternelle est une idée fausse de la conscience humaine.

 

 

 

La Théorie de l'Âme

 

En ce qui concerne la théorie de l’âme, il existe trois sortes d’enseignants dans le monde:
 
        -Le premier enseignant enseigne l’existence d’une entité éternelle qui survit à la mort : c’est l’éternaliste.

 

        -Le deuxième enseignant enseigne une entité-ego temporaire qui s’annihile à la mort : c’est le matérialiste.

 

        -Le troisième enseignant n’enseigne ni une entité éternelle, ni une entité-ego temporaire : c’est le Bouddha

 

Le Bouddha enseigne que ce que nous appelons l’ego, le moi, l’âme, la personnalité, etc…, ne sont que des termes conventionnels qui ne se réfèrent à aucune entité réelle et indépendante. Selon le Bouddhisme, il n’existe aucune raison de croire qu’il y a une âme éternelle qui vient du ciel ou qui est créée par elle-même et qui transmigrera ou ira tout de suite au ciel ou en enfer après la mort. Les Bouddhistes ne peuvent pas accepter qu’il y ait quoi que ce soit dans ce monde ou dans tout autre monde qui soit éternel ou immuable. Nous nous accrochons seulement à nous-mêmes et nous espérons trouver quelque chose d’immortel. Nous sommes comme des enfants qui veulent s’agripper à un arc-en-ciel. Pour les enfants, un arc-en-ciel est quelque chose de vivant et de réel ; mais les adultes savent que ce n’est qu’une illusion provoquée par certains rayons de lumière et des gouttes d’eau. La lumière n’est qu’une série d’ondes ou d’ondulations qui n’ont pas plus de réalité que l’arc-en-ciel lui-même.
L’homme se porte très bien sans découvrir l’âme. Il ne montre aucun signe de fatigue ou de dégénérescence pour n’avoir rencontré aucune âme. Aucun homme n’a produit quoi que ce soit pour promouvoir l’humanité en postulant une âme et son fonctionnement imaginaire. Chercher une âme chez l’homme, c’est comme chercher quelque chose dans une pièce sombre et vide. Mais le pauvre homme ne réalisera jamais que ce qu’il cherche n’est pas dans la pièce. Il est très difficile de faire comprendre à une telle personne la futilité de sa recherche.

 

Ceux qui croient en l’existence d’une âme ne sont pas en mesure d’expliquer ce qu’elle est et où elle se trouve. Le conseil du Bouddha est de ne pas perdre notre temps sur cette spéculation inutile et de consacrer notre temps à lutter pour notre salut. Quand nous aurons atteint la perfection, nous pourrons alors réaliser s’il y a une âme ou non. Un ascète errant nommé Vacchagotta a demandé au Bouddha s’il y avait un Atman (âme ou soi) ou non. L’histoire est la suivante :
Vacchagotta vient vers le Bouddha et lui demande :

 

Vénérable Gotama, y a-t-il un Atman ?

Le Bouddha reste silencieux.

Alors Vénérable Gotama, il n’y a pas d’Atman ?

 

Encore une fois, le Bouddha reste silencieux.

Vacchagotta se lève et s’en va.

Après le départ de l’ascète, Ananda demande au Bouddha pourquoi il n’a pas répondu à la question de Vacchagotta. Le Bouddha explique sa position :
« Ananda, quand Vacchagotta, le vagabond, a demandé : 'Y-a-t-il un Soi ?', si j’avais répondu : 'Il y a un Soi', alors, Ananda, ce serait prendre le parti de ces reclus et brahmanes qui soutiennent la théorie éternaliste (sassata-vada).
Et Ananda, quand Vacchagotta demanda : 'Il n’y a pas de Soi ? ', si j’avais répondu : 'Il n’y a pas de Soi', alors ce serait se ranger du côté de ces reclus et brahmanes qui soutiennent la théorie annihilationniste (uccedavada) ».

 

« Encore une fois, Ananda, quand Vacchagotta demanda : 'Y a-t-il un Soi ? ', si j’avais répondu : 'Il y a un Soi', est-ce que ce serait en adéquation avec ma connaissance que tous les dhamma sont sans Soi ? »

 

« Sûrement pas, Vénérable. »

 

« Et encore une fois, Ananda, quand Vacchagotta demanda : 'Il n’y a pas de Soi ?', si j’avais répondu : 'Il n’y a pas de Soi', alors cela aurait créé une plus grande confusion chez lui qui est déjà confus. Car il aurait pensé : 'Autrefois en effet j’avais un Atman (Soi), mais maintenant je n’en ai plus'. » (Samyutta Nikaya).

 

Le Bouddha considérait la spéculation de l’âme comme inutile et illusoire. Il dit un jour : « Ce n’est que par ignorance et illusion que les hommes se livrent au rêve que leurs âmes sont des entités séparées et auto-existantes. Leur cœur s’accroche toujours au Soi. Ils sont inquiets au sujet du ciel et ils cherchent le plaisir du Soi dans le ciel. Ils ne peuvent donc pas voir la félicité de la justice et l’immortalité de la vérité. Les idées égoïstes apparaissent dans l’esprit de l’homme en raison de sa conception du Soi et de sa soif d’existence.

 

Anatta : L’enseignement de la non-âme

Le Bouddha a combattu toute théorie de l’âme et la spéculation de l’âme avec Sa doctrine Anatta.  Anatta est traduit sous différentes étiquettes : la non-âme, le non-soi, le non-égo et l'absence d'âme.

 

Pour comprendre la doctrine Anatta, il faut comprendre que la théorie de l’âme éternelle 'J’ai une âme' et la théorie matérielle 'Je n’ai pas d’âme' sont à la fois des obstacles à la réalisation du soi ou au salut. Ils découlent de l’idée fausse 'JE SUIS'. Par conséquent, pour comprendre la doctrine Anatta, il ne faut s’accrocher à aucune opinion ou conception sur la théorie de l’âme ; il faut plutôt essayer de voir les choses objectivement telles qu’elles sont et sans aucune projection mentale. Il faut apprendre à voir le soi-disant 'Je' ou Âme ou Soi pour ce qu’il est vraiment : simplement une combinaison de forces changeantes. Cela nécessite une explication analytique.

 

Le Bouddha a enseigné que ce que nous concevons comme quelque chose d’éternel en nous, est simplement une combinaison d’agrégats ou de forces physiques et mentales (pancakkhandha), composé : de corps ou de matière (rupakkhandha), de sensation (vedanakkhandha), de perception (sannakkhandha), de formations mentales (samkharakkhandha) et de conscience (viññanakkhandha). Ces forces travaillent ensemble dans un flux de changements momentanés ; elles ne sont jamais les mêmes pendant deux moments consécutifs. Elles sont les forces composantes de la vie psycho-physique. Quand le Bouddha a analysé la vie psycho-physique, il n’a trouvé que ces cinq agrégats ou forces. Il n’a trouvé aucune âme éternelle. Cependant, beaucoup de gens ont encore l’idée fausse que l’âme est la conscience. Le Bouddha a déclaré sans équivoque que la conscience dépend de la matière, de la sensation, de la perception et des formations mentales et qu'elle ne peut exister indépendamment d’eux.

 

Le Bouddha a dit : 'Le corps, ô moines, n’est pas le Soi. La sensation n’est pas le Soi. La perception n’est pas le Soi. Les formations mentales ne sont pas le Soi. Et la conscience non plus n’est pas le Soi. Percevant cela, ô moines, le disciple n'accorde aucune valeur au corps, aux sensations, aux perceptions, aux constructions mentales, à la conscience. Ne leur accordant aucune valeur, il se libère des passions et il est libéré. La connaissance de la libération s’y établit. Et alors il sait qu’il a fait ce qui doit être fait, qu’il a vécu la vie sainte, qu’il ne devient plus ceci ou cela, qu'il est mis fin à ses renaissances. ' (Anatta-Lakkhana Sutta).

 

La doctrine Anatta du Bouddha a plus de 2500 ans. Aujourd’hui le courant de pensée du monde scientifique moderne coule vers l’enseignement du Bouddha d’Anatta ou de Non-Âme. Aux yeux des scientifiques modernes, l’homme n’est qu’un ensemble de sensations en constante évolution. Les physiciens modernes disent que l’univers apparemment solide n’est pas, en réalité, composé de substance solide du tout, mais qu'il est en fait un flux d’énergie. Le physicien moderne voit l’univers entier comme un processus de transformation de diverses forces dont l’homme n’est qu’une partie. Le Bouddha a été le premier à le réaliser.
Un auteur éminent, W.S. Wily, a dit un jour : « L’existence de l’immortel dans l’homme est de plus en plus discréditée sous l’influence des écoles dominantes de la pensée moderne. La croyance en l’immortalité de l’âme est un dogme contredit par la vérité empirique la plus solide.

 

La simple croyance en une âme immortelle, ou la conviction que quelque chose en nous survit à la mort, ne nous rend immortels que si nous savons ce qui survit et que nous sommes capables de nous identifier avec une telle entité. La plupart des êtres humains choisissent la mort au lieu de l’immortalité en s’identifiant à ce qui est périssable et impermanent en s’accrochant obstinément au corps ou aux éléments momentanés de la personnalité actuelle, qu’ils confondent avec l’âme ou la forme essentielle de la vie.

 

Les scientifiques modernes sont maintenant plus enclins à affirmer que la soi-disant 'Âme' n’est qu’un faisceau de sensations, d’émotions, de sentiments, tous liés aux expériences physiques. Le professeur James dit que le terme 'âme' n’est qu’un simple mot à laquelle aucune réalité ne correspond.

 

C’est cette même doctrine Anatta du Bouddha qui a été introduite dans l’école Mahayana du Bouddhisme et qualifiée de Sunyata ou la vacuité. Bien que ce concept ait été élaboré par un grand érudit Mahayana, Nagarjuna, en donnant diverses interprétations, il n’y a pas de concept extraordinaire dans Sunyata très différent de la doctrine originelle d’Anatta du Bouddha.

 

La croyance en l’âme ou le Soi et le Dieu Créateur, est si fortement enracinée dans l’esprit de beaucoup de gens qu’ils ne peuvent imaginer pourquoi le Bouddha n’a pas accepté ces deux questions qui sont indispensables à de nombreuses religions. En fait, certaines personnes ont reçu un choc ou sont devenues nerveuses et ont même essayé d'exprimer fortement leur émotion quand elles ont entendu que le Bouddha a rejeté ces deux concepts. C’est la principale raison pour laquelle, pour de nombreux spécialistes impartiaux et psychologues, le Bouddhisme est unique par rapport à toutes les autres religions. En même temps, d’autres spécialistes qui apprécient les divers autres aspects du Bouddhisme pensaient que le Bouddhisme serait enrichi en réinterprétant délibérément le mot 'Atta' afin d’introduire le concept d’âme et de moi dans le Bouddhisme. Le Bouddha était conscient de cette insatisfaction de l’homme et du bouleversement conceptuel concernant cette croyance.

 

Toutes les choses conditionnées sont impermanentes,

 

Toutes les choses conditionnées sont Dukkha – Souffrance,

 

Toutes les choses conditionnées ou inconditionnelles sont sans âme ou dénuées de soi. (Dhammapada 277, 278, 279)
Il existe une parabole dans nos textes bouddhiques concernant la croyance en une âme éternelle. Un homme, qui a pris une corde mobile pour un serpent, est devenu terrifié par cette peur dans son esprit. En découvrant que ce n’était qu’un morceau de corde, sa peur s’apaisa et son esprit devint paisible. La croyance en une âme éternelle est assimilée à la corde dans l’imagination de cet homme.

 

 

 

 

 

 

Ven.K.Sri Dhammananda Nayaka Thera

 

 

 

 

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 Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka  IV-Ve Siècle